Is France’s Obsession with Thinness Threatening Body Positivity?

The article discusses the resurgence of the thinness ideal a decade after the body positivity movement emerged on social media. Despite a push for body acceptance, societal beauty standards continue to favor slim figures, with many women feeling insecure about their bodies. New terms like “nutritional rebalancing” replace “diet,” yet the focus remains on weight loss. The influence of social media amplifies these pressures, leading to increased body dissatisfaction, discrimination, and a persistence of fatphobia in France.

Le Retour du Culte de la Minceur

Il y a environ dix ans, le mouvement ‘body positive’ a vu le jour sur les réseaux sociaux, prônant l’acceptation de toutes les morphologies, formes et courbes. L’objectif ? Lutter contre le culte de la minceur. Cependant, dix ans plus tard, il semble que les silhouettes élancées et sveltes restent la norme. Pire encore, le culte de la minceur fait un retour en force, comme l’explique Benjamin Muller sur ‘Bonjour! La Matinale’.

Les Nouveaux Standards de Beauté

Dans une salle de sport, un créateur de contenu très suivi sur TikTok interroge les jeunes : ‘Si une fille est belle mais pèse plus de 70 kg, quelle note mérite-t-elle sur dix ?’. La majorité des réponses est ‘zéro’. Sur les réseaux sociaux, de plus en plus de femmes affichent leurs silhouettes fines, fermes et ultra-toniques, leurs routines ‘saines’ et leurs astuces pour perdre du poids rapidement. De plus, une personne sur deux en France n’aime pas son corps, et six jeunes femmes sur dix se sentent insécures par rapport à leur poids. Nous sommes loin du body positive et du désir des femmes de se libérer des normes de beauté dépassées. Cependant, le terme ‘régime’ est désormais remplacé par ‘rééquilibrage nutritionnel’. Oubliez les kilos, on parle maintenant de ‘brûleurs de graisse’. Adieu les crèmes anti-cellulite, aujourd’hui, vous trouverez des crèmes raffermissantes sur les étagères. Un changement sémantique, certes, mais l’idée reste la même : perdre du poids. Avec des effets dévastateurs. Aux États-Unis, Ozempic, un médicament destiné au traitement du diabète, est détourné pour une perte de poids drastique sans effort, souvent promu par des influenceurs célèbres sur les réseaux sociaux. De plus, l’industrie de la mode ne semble pas aider à promouvoir l’acceptation de soi. Une étude sociologique sur les modèles ayant défilé lors de la dernière Fashion Week à Paris a révélé que sur 4 500 modèles, seulement 43 étaient considérés comme plus-size ou curvy. ‘Curvy ou plus-size dans la mode, c’est au-dessus de la taille S,’ ironise Benjamin Muller.

Les réseaux sociaux, dirigés par TikTok et Instagram, ne facilitent pas la lutte pour l’acceptation de soi et la diversité des corps. Ces plateformes se sont transformées en véritables salles de gym où les utilisateurs tentent de vous motiver, expliquent comment s’y prendre et donnent des conseils pour tonifier vos fessiers ou perdre du ventre. Oui, faire de l’exercice est bénéfique pour la santé ; c’est même essentiel, mais voir des silhouettes élancées éclipser les courbes amène à intégrer dans l’esprit que la normalité réside dans ces corps parfaits, minces et musclés. Lorsqu’on n’a pas ce corps ou que l’on ne peut pas atteindre cet objectif, l’esprit conclut que l’on est laid. De plus, certains influenceurs n’hésitent pas à culpabiliser ceux qui ont quelques kilos en trop. L’un des YouTubers les plus suivis en France déclare que ‘les personnes en surpoids doivent se ressaisir’, et s’il dit cela, ‘c’est pour les aider.’ Une autre influenceuse va même jusqu’à culpabiliser sa communauté en disant : ‘J’espère que tout ce que vous avez mangé aujourd’hui valait le coup d’être gros cet été.’ Tout cela a de réelles conséquences : l’acceptation de son corps diminue, la grossophobie, la discrimination et le harcèlement augmentent. Peu importe les générations, le culte de la minceur demeure une obsession, amenant le sociologue Jean-François Amadieu à affirmer que ‘la France est grossophobe et âgiste.’