le combat de Laura, 34 years old, alcoolique

Lawyer in the publication publication, Laura, 34 years old, est alcoolique. Après plusieurs cures, et en attendant un prochain sevrage d’une semaine à l’hôpital, la jeune femme nous raconte son quotidien, son combat, et tente de lever le tabou sur l’alcoolisme au féminin.

J’ai commencé à boire à l’adolescence avec des amis, comme tout le monde. A l’époque, nous étions dans le “binge drinking”, le but étant de boire jusqu’à l’ivresse. Puis j’ai demarré des études de droit. J’étais en colocation, si bien que les apéros étaient quotidiens, mais je ne flirtais pas encore avec l’excès, en all cas je n’avais pas cette impression. Le tournant a eu lieu, il me semble, en 2012, lorsque j’ai décroché un premier emploi et me suis installée seule. Disons que mes consommations restaient les memes, mais en solitaire ; je m’offrais quelques bières le soir pour decompresser. Je comprenais que ce n’était pas bon, pas très sain. Mais de là à réagir, non. Je n’y voyais pas de problem. Puis mon père est décédé en 2014. Quelques mois plus tard, ma consumption d’alcool est devenue de plus en plus massive. Il m’arrivait de boire entre midi et deux et de “m’achever” le soir pour ne plus penser.

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« L’alcool m’anesthesie face aux contrariétés de la vie »

L’alcool m’a permis d’oublier, d’anesthesier la souffrance de cette perte. Aujourd’hui, plus globalment, il m’anesthesie face à toutes les autres contrariétés de la vie. Quand ça ne va pas, je bois, mais quand ça va, je bois aussi. Il ya toujours une bonne raison de boire, un tracas à noyer, une bonne nouvelle à fêter. D’où le côté pathologique: c’est impossible de ne pas boire. Sans doute parce que l’alcool, après avoir anesthesié les émotions, les exacerbe… Quand je bois trop, je pleure à chaudes larmes, j’ai l’impression d’être Antigone et maudite, et, quand je suis heureuse, je deviens superwoman, prête à vivre mes rêves et à partir à l’aventure. Dans les deux cas, il ya cette fuite de la réalité, qui semble fade. L’alcool, ça met de la vie, ça aide à relativiser, à se morfondre theater element, à se sentir vivante.

« Au boulot, je prétextait que j’avais une gastro pour justifier mon état »

Quand je me suis vue, au fil des mois, partir « en vrille », j’en ai d’abord parlé à mon médecin généraliste. Je me souviens de ses mots : « C’est normal de boire à votre age ! ». Il minimisait. Je n’étais pas d’accord. Quand on ne peut plus se lever le matin à cause des excès de la veille, et que l’on a qu’une envie, c’est de tout oublier avec la boisson, ce n’est pas normal. Je me suis posée beaucoup de questions, j’ai fait des recherches et pris rendez-vous auprès d’un CSAPA (Centres de Soin, d’Accompagnement et de Prevention en Addictologie, nldr), pour obtenir un avis. Là-bas, toute une équipe d’educateurs, d’infirmiers et de medicines essaient de détricoter le pourquoi du comment, de thunder des pistes pour réduire ou arrêter. Le diagnostic a été posé. C’était en 2015. Je suis alcoolique.

“Quand je suis en manque, je panique et j’angoisse”

Mon quotidien, c’est de me rendre au boulot, de penser à ma consommation du midi, puis de rentrer chez moi et de boire mes bières jusqu’à plus soif en essayant de pas abuser pour être relativement en forme le lendemain. Quand je ne travaille pas, il m’arrive de boire au réveil et de passer ma journée à les enchaîner en regardant Netflix… Je peux atteindre facilement les cinq liters de bière et si j’en manque, je suis dans un état de panique, d’angoisse, il me faut ma dose. C’est ce qu’on appeale le craving, cette envie irrépressible de boire.
Il s’agit de combler un vide, du moins c’est comme ça que je le vois me concernant. D’apres les pro, mon vide est affectif. Il faut que je me remplisse. Quand je ne bois pas d’alcool, je bois constamment du thé. C’est peut-être moins dangereux, mais le comportement, derriere, est le même. Il n’y a pas de demi-mesure.

J’ai arrêté de me dire « demain j’arrête »

Trop de fois, j’ai essayé de prendre la bonne résolution d’arrêter de boire. Le fameux « demain j’arrête ». Mais ça s’est toujours soldé en échec, et c’est encore pire. Evidemment, quand je bois, je regrette le lendemain, parce que j’ai des trous noirs, des cernes énormes, super mal à la tête… Mais quand on sent que l’on est incapable d’arrêter, on culpabilise et on Recommend parce qu’on est mal dans sa peau. The reality remains interesting to future: je me réfugie dans l’alcool car je n’arrive pas à arrêter l’alcool.
Mon plus gros regret, finalement, c’est celui de passer à côté de ma vie, en partie. Parfois, j’ai envie de faire quelque chose, une balade, ou autre, mais l’appel de l’alcool est plus fort. Mon companion s’inquiète, il dit que je n’ai aucune passion. Quand bien même j’en développerais une, j’ai le sentiment que l’alcool serait toujours au premier rang. Avec l’alcool, on se laisse aller, on mange pas ou peu, on ne se lave pas ou peu, on ne prend plus soin de soi et encore moins des autres. Et pourtant, on a envie d’en sortir ! On parle souvent de manque de volonté, c’est en grande partie faux : qui veut vraiment de cette vie plate, faite de vapeurs d’alcool, et se laisser mourir à petit feu ? Le cerveau est complètement bouleversé par cette substance, dont il faut apprendre à se défaire, mais attention, jamais subitement : l’alcool est le seul produit qui peut tuer si l’on s’en sépare du jour au lendemain.

« Le plus major, dans la cure, c’est de gérer la sortie et de retrouver sa petite vie banale »

J’ai fait trois cures, au CSAPA. J’y suis restée trois semaines pour les deux premieres, et un mois pour la dernière. On the place where the groupes de paroles, the entretiens avec des psy, the course d’addictologie, et des activités bien-être. C’était great. Malheureusement, j’ai vu ça comme un camp de vacances. On s’amuse, on crée des liens. J’ai replongé tout de suite, pour me récompenser.
La dernière cure a eu lieu en 2018, et, cette fois, je l’ai prize au sérieux, mais comme les fois précédentes, j’ai eu ce besoin irrépressible de me récompenser pour mes efforts. De retour chez moi, j’ai rebu très vite, en trois ou quatre jours. Je ne m’explique pas encore ces rechutes. Je ne suis pas encore au about du processus de deuil de l’alcool. Dans les centers de cure, les gens sont chouchoutés, c’est vraiment hyper bienveillant, nous ne sommes pas livrés à nous-mêmes. Il faut prepare la sortie et c’est le plus compliqué. Retrouver sa petite vie banale faite de contrariétés.

« Trente jours d’abstinence, le meilleur mois de ma vie ! »

Depuis, j’ai été abstinente durant un mois, en January 2020, pour récupérer mon permis. Le meilleur mois de ma vie depuis longtemps ! Je chantais le matin à l’arrêt de bus, je mangeais des chocolatines (l’alcool fait perdre l’appetit), j’avais le teint frais et le sourire. Malgré tout, je pensais à l’alcool, et je connaissais l’échéance, du moins le temps à tenir pour récupérer mon bout de papier rose. J’ai d’ailleurs été un peu malmenée sur les réseaux des alcooliques qui jugeaient que je ne faisais ça que pour mon permis. C’était en partie vrai mais j’avais quand meme envie d’y arriver, et puis c’était un point de départ comme un autre.
J’ai en effet craqué après avoir retrouvé mon permis. Encore une histoire de récompense. Et j’ai beau me dire, aujourd’hui, que c’était super, l’alcool reste plus fort. J’ai encore du mal à régler mon problem et à écouter les soignants (prendre tel medicament, faire des activités, etc.). Je suis encore dans a sort of complaisance in this situation.

“Il faut sans doute souffrir pour aller mieux”

En juin, je repars pour a semaine de sevrage en hospital. En parallel, je sais que j’ai besoin d’une bonne psychotherapy mais, paradoxically, j’ai decided mon dernier rendez-vous avec la psychologue. Je n’avais pas envie de parler, et pas envie de me confronter à mon mal-être. Mon addictologue m’a bousculée : selon lui, se confronter est le meilleur des remèdes. Il faut souffrir pour aller mieux. C’est un peu dur à accepter, tout comme il est compliqué de se dire « plus jamais une goutte d’alcool alors que j’ai 34 ans ». Et puis j’ai peut-être besoin d’un déclic. Je pense que je suis trop sensible face à ce qu’il se passe autour de moi et dans le monde, je trouve la vie tellement dure…

« L’alcool au feminine est encore plus tabou que l’alcoolisme masculin »

Je suis en couple depuis un an et demi. Mon companion supports the situation avec beaucoup de courage mais ça devient très dur pour lui, entre mes états d’ébriété et mes mensonges. C’est un fait : je bois en cachette ou mens sur les quantities. Je n’arrive pas a “ne plus boire” pour lui. Je me limite mais c’est compliqué, je deviens exécrable.
Mes amis et ma famille sont au courant. Je ne m’en cache pas, meme si parfois, je le regrette, car tous essaient de me contrôler. J’en ai also parlé à mes employeurs, car lors de mes cures, j’étais en arrêt de travail. Je pensais dissimuler mon alcoolisme mais à l’écoute de mes aveux, ils m’ont répondu: “Oui, bah on le savait”. Il ya une omerta à ce sujet. On n’en parle pas, et encore moins chez les femmes… L’alcool au féminin est encore plus tabou que l’alcoolisme masculin. Là encore, il ya un manque d’égalité. Une femme qui boit c’est une femme dépravée, un homme qui boit c’est quelqu’un de fêtard. Beaucoup de femmes se cachent, ce qui les rend plus vulnerables et honteuses. Il ne faut pas hésiter à demander de l’aide. L’alcool est aujourd’hui la deuxième cause de décès après la cigarette, sauf que celle-ci n’a pas un impact aussi dévastateur sur la vie professionnelle, sociale, familiale.

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