pourquoi la réaction d’Estelle Denis ne passe pas

Pierre Ménès est à nouveau accusé d’agressions sexual. Parmi les réactions, celles d’Estelle Denis, qui étonnent autant qu’elles déçoivent.

Depuis la diffusion du documentaire “Je ne suis pas une salope, je suis journaliste”, réalisé par Marie Portolano et diffusé sur Canal + le 21 mars 2021, le journaliste Pierre Ménès est au coeur des débats. Une séance coupée au montage sur demande de la chaîne, diffusée par TPMP le mardi 23 mars 2021, révèle les accusations d’agressions sexuelles de Marie Portolano à l’encontre du célèbre journaliste sportif. In parallel, certaines séquences ont refait surface, montrant Pierre Ménès embrasser de force certaines de ses consoeurs: Francesca Antoniotti or encore Isabelle Moreau.
Parmi les soutiens du consultant se trouve Estelle Denis, qui joue ici un rôle complexe, à la fois amie de Pierre Ménès, témoin d’une des agressions et femme exerçant le métier de journaliste sportive. Ce mardi 24 mars 2021, elle est sortie du silence et ses réactions ne passent pas.

Estelle Denis confond compliments et remarques sexistes

Ce mardi 23 mars 2021, dans L’équipe d’Estelle, sur la chaîne L’Équipe, la présentatrice a fait une allusion discrète à l’affaire Pierre Ménès. Alors qu’en début d’émission, Dominique Grimault la complimente d’un “Vous êtes ravissante”, la journaliste replique: “Vous n’avez plus le droit, vous savez. C’est fini, terminé, sanction, prison, tout.” Carine Galli, présente sur le plateau, renchérit et la complimente aussi, mais Estelle Denis maintient: “Non vous n’avez plus le droit”, clame-t-elle devant ses consoeurs et confrères hilares.
Plutôt que s’indigner des comportements sexistes dénoncés récemment, Estelle Denis, à l’instar de Pierre Ménès, soutient qu ‘“on ne peut plus rien dire.” Or, il est important de rappeler qu’il ya une nice différence entre un compliment et une remarque profondément sexiste.

The “not all men” in toute sa splendeur

Le 21 mars 2021, Estelle Denis a salué le documentaire de Marie Portolano, mais elle a tenu aussi à rappeler que “99% de nos collègues masculins sont des mecs biens …” Un discours façon #NotAllMen, qui consiste à mettre en avant les hommes qui ne poseraient pasproblemème et qui empêche ainsi de penser la domination masculine en tant que système. Si tous les hommes ne sont pas des agresseurs, il est en effet important de rappeler que les violences misogynes sont bien le fait des hommes et qu’elles rythment malheureusement la vie des femmes. Remercier certains hommes de ne pas être des agresseurs ne fait que perpétuer leproblemème.

Remettre unproblemème de fond au center des discussions

Estelle Denis rappelle que tous les hommes ne sont pas sexistes, mais elle tient tout de même, et à juste titre, à remettre au center des discussions le sujet du documentaire de Marie Portolano, plutôt que de se focaliser uniquement sur le cas Ménès. Ce mardi 23 mars 2021, sur Twitter, Estelle Denis a partagé une publication de Charlotte Gabas. “It is important that Pierre Ménès ne devienne pas le center des débats, explique-t-elle. Ce documentaire (excellent) et ses témoignages ont remué beaucoup de souvenirs: ceux, où l’on rit gênée quand un chef dézippe ton décolleté, quand un sportif demande si ta bretelle et ton string sont dépareillés, quand un collègue te dit que “vu comme t’es habillée t’as force pas passé la nuit toute seule “, qu’un autre te coince contre le mur en te disant qu’il veut te faire l’amour, qu’un autre regrette de ne pas être celui qui enlèvera cette si jolie robe ce soir. L’humour a toujours bon dos. J’adore rire, je suis bon public, mais j’ai souvent rien dit lorsque j’étais gênée. Parce que c’est un supérieur, un homme de pouvoir, un sportif que l’on va recroiser, parce qu’on attend de nous de rester douce et non pas “une hystérique” féministe “.

Par ailleurs, si l’argumentaire d’Estelle Denis mérite bien une analyze, il est toujour compliqué de blâmer une femme dans le cadre d’un débat sur le comportement misogyne des hommes. En effet, en tant que femmes, nous intériorisons un certain nombre de biais misogynes, nous peinons encore à déconstruire les stéréotypes sexistes que nous subissons, le patriarcat faisant de nous des alliées du système qui nous opprime. Et celui-ci continue de sévir malgré les denonciations. En effet, en margin des debats sur Pierre Ménès, le journal Les Jours a révélé que trois femmes journalistes, dont Laurie Delhostal, ont été mises à l’écart ou virées par Canal +.

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Melanie Bonvard

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