The rising presence of larger nitrous oxide bottles in waste treatment centers poses significant safety risks and economic losses. Explosions from these bottles, often due to high temperatures, have led to operational shutdowns, costing facilities millions. The issue is exacerbated by increasing quantities entering recycling centers, particularly near Belgium and the Netherlands. Experts suggest that banning sales won’t resolve the problem, advocating for a bottle deposit system to encourage proper disposal and minimize hazards.
Des bouteilles de protoxyde d’azote en plein essor
Les bouteilles de protoxyde d’azote, de plus en plus volumineuses, sont désormais omniprésentes dans les centres de traitement des déchets. Selon Hervé Carron, directeur du Centre de Valorisation Énergétique (CVE) à Halluin, “Depuis 2024, les bouteilles que nous rencontrons sont deux fois plus grandes que les modèles précédents. Cela engendre encore plus d’incidents au sein de l’installation.” Les petits cartouches de quelques centimètres ne posent pas de problèmes, mais les cartouches industrielles, mesurant environ 50 cm de hauteur et 7 à 8 cm de diamètre, peuvent causer des dommages considérables.
Ces bouteilles contiennent encore du gaz, et les températures élevées atteintes dans les fours peuvent provoquer leur explosion. Un tri manuel en amont permet d’éliminer ces bouteilles, surnommées “gaz hilarant”, un produit prisé des adolescents et des jeunes adultes. Cependant, tous les centres ne disposent pas des équipements nécessaires. Lorsque les camions déchargent leur contenu, trier ces bouteilles devient impossible, entraînant leur incinération à des températures de 1 200 degrés. En contact avec la chaleur, elles explosent en moyenne 45 fois par jour, occasionnant parfois des dommages aux équipements.
Des pertes économiques significatives
En 2024, les installations ont été à l’arrêt pendant l’équivalent de deux mois en raison de ces explosions, mettant en danger la sécurité du personnel. Dans une usine en France, une porte a même été soufflée. Pour limiter les risques, les opérateurs des incinérateurs ne peuvent plus ouvrir les fenêtres de toit pour vérifier la combustion, car une explosion pourrait entraîner des blessures par éclats de verre.
Partout en France, les usines font face à cette problématique, y compris à Saint-Saulve, où des barres brisées dans les fours nécessitent un remplacement. Chaque jour d’arrêt pour réparations engendre des coûts croissants. Selon Ingrid Lepron, ingénieure et responsable du CVE à Saint-Saulve, “En 2024, nous avons eu 550 heures d’arrêt, représentant une perte d’exploitation estimée à un million d’euros au cours des trois dernières années.” Les pertes s’élèvent à un total compris entre 15 et 20 millions d’euros pour l’ensemble du pays.
Le phénomène ne se limite pas aux incinérateurs ; les centres de tri traitant les bacs jaunes reçoivent de plus en plus de bouteilles. Dans la métropole lilloise, les quantités ont augmenté de quinze fois en cinq ans. Dany Dunat, directeur général de Triselec à Halluin, explique que cette situation est due à la proximité avec la Belgique et aux producteurs de protoxyde d’azote situés aux Pays-Bas.
Le risque d’incendie est également préoccupant : lors de la compression des déchets en aluminium, des étincelles peuvent enflammer le protoxyde d’azote. Christophe Milliot, électromécanicien chez Triselec, souligne que “le risque lié à l’aluminium n’est pas trivial” et rappelle qu’il y a déjà eu de nombreux incendies.
Les professionnels estiment que l’interdiction de vente du “gaz hilarant” ne résoudra pas le problème. “La plupart des consommateurs commandent en ligne, donc le système de distribution de ces bouteilles de protoxyde d’azote est très peu contraint,” déclare Grégory Richet, directeur général de Paprec Énergies. Pour les experts, la mise en place d’un système de consigne pour les bouteilles et l’encouragement à leur dépôt dans les centres de déchets seraient des solutions viables.