ces femmes ont subi le point du mari

Depuis plusieurs années, les voix s’élèvent et dénoncent le point du mari. Une pratique qui consiste à recoudre la suture d’un périnée déchiré ou d’une épisiotomie, en ajoutant un point de suture supplémentaire. Une action qui va bouleverser le quotidien de ces femmes.

Donner plus de plaisir au partenaire, réduire le plaisir de la femme, lui affliger des douleurs tout au long de sa vie, ce sont les conséquences du point du mari. Une pratique que les victimes et certains professionnel·les de santé dénoncent.

Tout commence en 2014, Agnès Ledig, autrice et sage-femme a mis un nom sur cette pratique que peu de gens connaissaient. “Je vous fais un point du mari? Pour vous, ça ne changera rien, mais votre conjoint sera content! ”, écrit-elle in one publication on Facebook.

Son message a ensuite été repris par la militante Isabelle Alonso on his blog. “Une ignominie humaine qui me laisse sans voix (…). Car, en 2014, dans notre belle France, dans nos belles salles d’accouchement, avec notre beau matériel stérile, certains “beaux” médecins (je dis bien certains, heureusement minoritaires) pratiquent un acte qui s’appelle le point du mari. “Je vous fais un petit point du mari, Madame? Pour vous, ça ne change rien, mais votre mari sera content”. D’où le point du mari? Techniquement, il consiste, lors de la suture d’un périnée déchiré, ou d’une épisiotomie, à faire un dernier point supplémentaire pour resserrer l’entrée du vagin, et permettre, lors de l’intromission de Monsieur, un plaisir accentué. Pour lui. “

Pour lui uniquement, car les femmes, quant à elles, ne s’en remettent jamais. Un point ou plusieurs qui va complètement changer leur rapport à la sexualité mais également leur quotidien, car certaines femmes ne peuvent même plus courir ou encore faire leurs lacets.

Corn en quoi consiste cette pratique?

Après l’accouchement, l’obstétricien.ne ou la le sage-femme homme recoud la suture d’un périnée déchiré ou d’une épisiotomie, mais dans certains cas, une suture supplémentaire est ajoutée pour serrer encore plus l’entrée vagin, sans l’accord de la patiente. Une pratique encore tabou et que le corps médical a du mal à reconnaître.

Élise et Bianca n’avaient rien en commun jusqu’à leur accouchement. Depuis la naissance de leur enfant, elles partagent le même traumatisme: elles ont subi le point du mari.

Deux destins brisés

L’accouchement d’Élise s’est déroulé dans un CHU en Bourgogne, l’été dernier, la jeune femme de 31 ans donne naissance à un petit garçon. Elle est déchirée et elle se fait recoudre mais les choses vont rapidement tourner au drame. “Je sentais qu’elles me recousait alors que j’étais anesthésiée”, se souvient Élise. La jeune femme accompagnée de son élève recousent alors minutieusement la jeune maman, qui leur demande si elle a beaucoup de point de suture. Ce à quoi la sage-femme répond: “Olala je n’ai pas compté, vous êtes déchirée au deuxième degré”, se souvient-elle.

Élise va ensuite se réveiller avec des douleurs et des œdèmes. “À chaque fois qu’une sage-femme venait, je lui disais que j’avais vraiment mal et chaque fois, on me répondait que mes cicatrices étaient propres et belles”, confie-t-elle. La jeune femme n’osait même pas bouger par peur que “tout craque”.

C’est une fois à la maison, elle commence à comprendre ce qu’il lui arrive, elle a subi le point du mari. “J’avais toujours des douleurs, je n’arrivais pas à m’asseoir”, confie Élise. “Je suis allée voir un ostéopathe pour mes douleurs au level du dos, mais les douleurs en bas ont continué. J’ai fait ma rééducation du périnée, mais le sage-homme ne s’est pas inquiété ”

“C’est un bout d’hymen qui aurait été recousu et ce bout de chair n’aurait pas dû être accroché là”

Après trois mois, la jeune femme décide de regarder son vagin pour la première fois depuis la naissance. “Il ya visuellement quelque chose qui me gêne, je vois qu’il ya de la chair à l’entrée de mes parties intimes et que ça a été recousu n’importe comment”, confie-t-elle. Sur les conseils d’une amie, elle se tourne vers une sage-femme qui pratique la thérapie cellulaire. “Je la vois deux fois par semaine et je pouvais m’asseoir correctement au bout de deux séances car les douleurs se sont estompées”

Malheureusement, elle n’a toujours pas réussi à se réapproprier son corps. “J’essaie de reprendre une sexualité mais c’est impossible. Je ne peux plus mettre de coupe menstruelle, ni mettre de tampons ”, déplore-t-elle. Désespérée, elle décide d’en parler à sa sage-femme qui va confirmer ses soupçons. “C’est la seule personne qui a osé me regarder de près et qui m’a dit que ce n’était pas bien recousu:“ c’est un bout d’hymen qui aurait été recousu et ce bout de chair n’aurait pas dû être accroché là ”, lui confirme la sage-femme.

Élise s’est alors adressée au CHU de Bourgogne pour voir son dossier médical mais aucun élément ne faisait allusion au point du mari. “Je me sens démunie, je n’ai plus ma vie d’avant. À notre époque, on a les moyens de faire les choses correctement ”, déplore-t-elle. “Pourquoi on se fiche de cet aspect de la maternity et pourquoi il ya autant deproblemèmes dans la gynécologie des femmes?” s’interroge Élise.

La jeune maman ressent also de l’inquiétude face à la formation du corps médical. “Cette sage-femme était très jeune, elle avait l’air de sortir de formation et elle formait mal son élève, ce n’est pas sécurisant”, confie-t-elle. Aujourd’hui, Élise aimerait agrandir sa famille mais elle n’arrive toujours pas à disposer de son corps.

Pour Lara, l’issue a été plus heureuse. La jeune femme a accouché dans une maternité dans le 14e arrondissement de Paris. Lors de l’accouchement, les choses se compliquent rapidement. “Ils m’ont mal posé la péridurale, le bébé n’arrivait pas à descendre”, confie-t-elle. “L’obstétricien a pris la place de la sage-femme, il m’a fait les forceps et une épisiotomie pour faire sortir le bébé. Ensuite une fois que l’enfant est sorti, j’ai fait une hémorragie de la délivrance, j’étais épuisée car j’avais poussé plus 50 minutes. À ce moment-là, Lara se souvient avoir vu l’obstétricienne complètement désemparée face à la situation. “D’où sort tout ce sang ?!”, s’inquiète-t-elle à voix haute.

Elle finit par recoudre lentement la jeune femme, tellement lentement que la péridurale a arrêté de faire effet. “Les derniers points de suture, j’ai tout senti à vif. Je sais bien que l’épisiotomie fait mal mais ma douleur était affreuse et on m’a donné de la morphine ”, confie-t-elle. “Les infirmières me disaient“ c’est le premier bébé donc c’est normal que ça fasse mal ”

Les jours qui suivent, Lara va rester plus longtemps que prévu hospitalisée. Durant les mois qui ont suivi, les douleurs étaient toujours présentes. “Je sentais que les points de future avaient été très très serrés. Je n’arrivais même plus à me baisser. J’ai dû faire de la rééducation et je saignais encore après deux mois ”, se souvient-elle.

“Le point du mari n’existe pas”

La jeune femme décide alors de faire une lettre à l’hôpital où elle avait accouché. “Mais selon eux, ça allait bien mais ils m’ont dit que j’avais peut-être mal accouché”, déplore-t-elle. Cinq mois plus tard, les douleurs se sont accentuées. “Je me rends compte que je ne peux plus vivre comme ça, ni même aller au travail car j’ai la peau qui frotte”, confie-t-elle. Elle s’est alors adressée à une thérapeute qui lui a annoncé qu’elle était trop recousue. “Elle n’a même pas pu me mettre la sonde vaginale.”

Comme Élise, elle ne dispose plus de son corps comme elle le souhaite. “Ça me fait toujours mal, les rapports sexuels sont pratiquement impossible”, confie-t-elle. Elle décide alors de prendre sa vie en main en allant voir une chirurgienne, qui lui annonce qu’elle a été recousue 8 mm de plus. Ils lui proposent alors de l’opérer pour retrouver une vie normal. “La chirurgienne m’a montré mon corps de façon très pédagogique, j’ai vu pour la première fois que l’ouverture était très petite”.

Suite à cette opération réparatrice et les séances de thérapie post-opératoire qui ont suivi, la jeune femme n’a aujourd’hui plus de douleurs. “Aujourd’hui, ça va mieux même si ça tire un peu, mais ce n’est rien comparé à l’enfer que j’ai vécu”.

Comme la plupart des femmes qui vivent ce traumatisme, personne ne croyait aux douleurs qu’elle ressentait. Les médecins lui disaient que “Le point du mari n’existe pas” ou encore que “Les douleurs étaient psychologiques”. Actualement, Lara ne veut pas d’un deuxième enfant à cause de ce qu’elle a vécu. Elle est également inquiète et en colère. “Je suis fâchée car ils n’ont jamais reconnu leur erhur et je me demande comment ils ont formé leurs soignants”, déplore-t-elle.

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Merci à Élise et Lara pour leur témoignage. Si vous avez été victime de violences obstétricales et gynécologiques, n’hésitez pas à contacter le collectif Stop aux Violences Obstétricales et Gynécologiques.