In Flamanville, EDF foresees the end of a site strewn with pitfalls – 06/16/2022 at 13:18


    par Benjamin Mallet
    FLAMANVILLE, Manche, 16 juin (Reuters) - Sur le site du
projet de réacteur nucléaire de type EPR d'EDF  EDF.PA  en
Normandie, une banderole tendue en haut d'un bâtiment, à
proximité d'une grue et d'un réservoir d'eau en construction,
fixe le cap avec une note d'optimisme : "Dernière ligne droite
pour démarrer Flamanville 3 en toute sécurité, en toute sûreté."
    Alors que l'EPR doit commencer à produire de l'électricité
sur le réseau fin 2023, l'électricien public et l'Etat français,
son actionnaire à 84%, espèrent qu'aucune nouvelle difficulté ne
viendra entraver le bon démarrage du réacteur, qui accuse déjà
plus de dix ans de retard et des milliards de surcoûts.
    "Je sens aujourd'hui une effervescence qui commence à
apparaître sur le terrain avec des gens qui voient la dernière
ligne droite. On est dans le sprint final et avec chaque semaine
qui passe on sent cette tension positive qui monte", déclare
Alain Morvan, qui dirige le projet depuis début 2020.
    "Tout le monde attend la fin du chantier de l'EPR (...). Je
pense que c'est bien pour l'industrie française et c'est bien
pour EDF qu'on finisse ce chantier-là qui a rencontré des
difficultés", a-t-il également dit à Reuters, mardi, à
l'occasion d'une visite de presse.
    Situé au pied d'une falaise de granite qui surplombe La
Manche, au bout d'une zone de bocage normand parsemée de pylônes
électriques, le projet d'EPR Flamanville 3 devait être la
vitrine de la relance du nucléaire français grâce à un modèle de
réacteur plus sûr, plus puissant et plus durable qui permettrait
de renouveler un parc vieillissant et de viser de nouveaux
marchés à l'international.
    Au lieu de cela, il est devenu le symbole de lourdes
difficultés qu'EDF s'efforce de corriger et qui n'ont pas
dissuadé Emmanuel Macron d'annoncer, en février, un programme
estimé à 52 milliards d'euros pour construire en France six
réacteurs de type EPR 2 - une version présentée comme plus
simple et moins chère à construire - avec la possibilité de huit
réacteurs supplémentaires. 
    
    NE RIEN "LAISSER DE CÔTÉ"
    Cette annonce a eu lieu deux semaines avant l'invasion russe
de l'Ukraine, venue aggraver la crise et la flambée de l'énergie
en Europe.
    Le chef de l'Etat, réélu ensuite au mois d'avril, a ainsi
demandé à EDF de jouer un rôle majeur dans la réduction des
émissions de CO2 du pays et dans sa sécurité d'approvisionnement
en prolongeant également autant que possible l'exploitation de
ses centrales nucléaires existantes, qui ont assuré 69% de la
production d'électricité du pays en 2021.  nL8N2UL7PV
    L'EPR de Flamanville, qui pourra produire à pleine puissance
la quantité annuelle d'électricité nécessaire à une ville comme
Paris, était estimé à trois milliards d'euros et devait démarrer
en 2012 lors de l'annonce du projet, en 2004.
    Mais des problèmes de compétences, d'organisation, de suivi
du chantier et de qualité de fabrication de certaines pièces,
dans un contexte d'exigences de sûreté accrues, ont entraîné de
multiples retards et dérives budgétaires du projet.
    Selon les dernières indications en date fournies par EDF, en
janvier, le coût de construction de Flamanville 3 est désormais
estimé à 12,7 milliards d'euros et le chargement de son
combustible, l'une des dernières étapes avant qu'il ne produise
de l'électricité, doit intervenir au deuxième trimestre 2023.
 nL8N2TS1HC
    Des réparations de soudures constituent la dernière
difficulté majeure en date du projet et mobilisent aujourd'hui
près de 800 personnes, sur un total de quelque 3.000
intervenants présents sur le site. Sur 122 soudures
défectueuses, 60% ont été remises en état et une cinquantaine
restent donc à reprendre.
    "J'ai la faiblesse de croire qu'on suffisamment analysé la
situation pour ne plus avoir de surprises. C'est important qu'on
finisse sans rien laisser de côté, avec la qualité maximale et
dans les délais", a déclaré Alain Morvan.
    
    LES VOISINS SURVEILLENT     
    Le projet est scruté par les voisins européens de la France.
En Grande-Bretagne notamment, où EDF construit deux EPR à
Hinkley Point - également en retard et plus chers que prévu -,
mais aussi dans des pays transfrontaliers comme l'Italie et
l'Allemagne, qui comptent sur les exportations d'électricité de
l'Hexagone.
    EDF est confronté à des difficultés structurelles de
financement incitant le gouvernement à envisager une
renationalisation complète du groupe, qui serait réorganisé en
profondeur après une première tentative mise en suspens l'été
dernier. Selon des sources interrogées par Reuters, l'opération
pourrait passer par un rachat des actions détenues par les
actionnaires minoritaires.
    Le groupe subit également l'indisponibilité d'environ la
moitié de son parc nucléaire historique en raison notamment de
problèmes de corrosion sur certains réacteurs qui l'ont conduit
à revoir plusieurs fois à la baisse ses prévisions de
production. L'impact sur son bénéfice avant intérêts, impôts,
dépréciations et amortissements (Ebitda) est estimé à 18,5
milliards d'euros environ cette année.  nL5N2XA6IS
    EDF doit aussi faire face à la décision du gouvernement de
l'obliger à céder davantage de nucléaire à bas prix à ses
concurrents pour limiter la hausse des tarifs de l'électricité,
une mesure qui risque d'être reconduite pour 2023 et dont
l'impact sur son Ebitda 2022 atteint pour sa part quelque 10
milliards d'euros.  nL8N2XO252
    Alors que le groupe a dû procéder au début du printemps à
une augmentation de capital de 3,16 milliards d'euros, à
laquelle l'Etat a souscrit à hauteur de 2,7 milliards environ,
le ministre français de l'Economie et des Finances, Bruno Le
Maire, a déclaré mardi au sujet d'une possible nationalisation
que "toutes les options sont sur la table".  nL8N2Y15BM
    "L'opinion générale sur EDF s'améliore grâce à une série de
signaux positifs et de commentaires des autorités françaises sur
le potentiel croissant d'une nationalisation", selon Nicolas
Bouthors, analyste chez AlphaValue.
    "Un rachat des minoritaires avec une prime significative par
rapport à la valeur actuelle suscite à nouveau l'intérêt
spéculatif des investisseurs après qu'ils ont abandonné l'action
en raison de problèmes opérationnels et réglementaires."

 (Avec Valentine Baldassari à Gdansk et Silvia Aloisi ; édité
par Sophie Louet)
 (([email protected]; 01 49 49 55 62;))



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